Chapitre 3 Résultat immédiat d’une infiltration-Résultats d’analyse.

 Nous avons quitté Etienne dans l’après-midi du 12 décembre alors qu’il faisait des exploits sur l’avenue commerçante où se trouve le rhumatologue. Il faut dire que la ponction évacuatrice l’avait tout de suite énormément soulagé et il n’avait plus cette lourdeur du haut du mollet et cette sensation de jambe qui lâche. Malgré les rappels de son épouse, il avait décidé de faire quelques courses dans les grands magasins, ce qu’il n’aurait pu envisager 2 jours plus tôt. Il avait posé dans le laboratoire qui fait l’angle de la place centrale son tube de liquide avec l’ordonnance correspondante. On lui avait dit que les résultats seraient prêts sous 48 heures mais il n’était vraiment pas inquiet à l’allure où l’amélioration s’était produite. Par malchance l’escalator du Géant « Farfouillette » était en panne et il fallait monter au 5° niveau pour se rendre au rayon des jouets. Etienne avait décidé d’acheter une voiture téléguidée à son petit-fils Lucien. Il n’en avait qu’un pour son grand malheur. Ayant toujours souhaité une grande famille, il n’avait eu qu’une fille qui pour le moment ne voulait pas d’autre enfant car elle avait un poste de responsabilité dans une entreprise qui lui demandait une grande permanence. Il avait eu un peu de mal à gravir les étages et le dernier atteint, il avait ressenti un truc bizarre sur le côté du genou gauche. Une vendeuse lui avait proposé une chaise tant elle avait compris qu’il y avait un problème. C’est ainsi que comme un petit enfant il avait essayé toutes ces belles machines obéissantes aux couleurs sublimes avec des effets saisissants de réalité dans le bruit des moteurs et du changement de vitesse. Mais c’est un hélicoptère qui avait finalement retenu son attention. Secrètement il s’était dit qu’il pourrait jouer avec Lucien sur le stade car il y avait de l’espace et peu d’obstacles en dehors des cages de but. Une fois emballé dans un joli papier cadeau et après que madame ait fait le chèque, il s’était levé mais ça ne s’était pas passé comme prévu. IL avait mal et avait de la peine à appuyer sur la jambe. Il avait descendu les escaliers marche après marche en se tenant à la rampe. Une fois dehors, il s’était demandé s’il ne retournait pas voir le médecin mais il était finalement plus près de la maison et s’était décidé à rentrer quitte à téléphoner en arrivant. Madame était furieuse et folle de rage devant l’inconscience et l’infantilisme de son mari qui n’avait tenu aucun compte des recommandations médicales et de ses propres rappels.

 Arrivé à la maison, Etienne s’était jeté sur son lit en réclamant une vessie de glace comme cela lui avait été suggéré et il avait pris en passant dans la cuisine 2 comprimés de paracétamol 500. Progressivement la sensation de tension avait disparu et il s’était endormi pour se réveiller vers 20 heures. Il ne ratait jamais le journal télévisé. On y avait d’ailleurs parlé d’arthrose et d’un traitement révolutionnaire avec des « cellules souches » qui se faisait sur Montpellier (il avait retenu l’endroit mais pas le nom du bonhomme mais si besoin il le demanderait au rhumatologue si ça n’allait pas bien après les fêtes). N’ayant pas faim, il avait mangé simplement une tranche de jambon blanc et une mandarine. Comme il avait à nouveau un peu mal il avait repris 2 paracétamol 500warningWarningEtienne Saint avait déjà pris 1 gramme de paracétamol quelques heures plus tôt. Le prise maximale de 4 grammes par jour est tolérée. Dans l'arthrose cette quantié est limitée à 3 grammes. Le paracétamol à grosses doses est un toxique hépatique pouvant déterminer une destructruction totale de cet organe en cas de prise massive. car ce n’est pas ça qui peut faire du mal, lui avait-on toujours dit. Dans la demi-heure qui suivait il était tombé dans les bras de Morphée.

 La nuit avait été bizarreinfoInfoLe paracétamol à fortes doses peut déterminer des étourdissements et effet centraux neurologiques avec des cauchemars comme jamais et des énervements des jambes. Etienne avait ressenti des douleurs mais comme dans un rêve car quand il se réveillait le genou était bizarrement indolore. Bref une nuit à ne pas retenir. Au petit matin il avait eu quelques picotements au niveau du point de ponction mais en se levant le genou était bien et stable puisqu’il avait pu aller de suite à la cuisine pour préparer un bon café. Il avait en effet très mal à la tête. Une bonne douche réglait généralement la situation. En tout cas pour le genou c’était parfait, il avait l’impression de ne plus en avoir comme quand on est jeune et qu’on ne se pose même pas cette question!

 Cette matinée, Etienne s’était juré de la passer calmement comme on le lui avait suggéré. Il avait décidé de mettre de l’ordre dans son ordinateur car toutes les photos des voyages récents étaient stockées un peu partout et il devenait difficile de les retrouver. Après un bon petit déjeuner et une douche bien chaude au cours de laquelle il avait constaté que le genou était parfait mais que le quadriceps correspondant était un peu atrophié, ce qu’il n’avait pas vu avant, il s’était mis au travail devant son IMac tout récent. Le classement s’était réalisé plus rapidement que prévu et il s’était mis à surfer sur la toile à la recherche de renseignements sur l’arthrose, ce qu’il n’avait jamais fait jusqu’à présent. Difficile, s’était-il dit de trouver de bonnes informations quand par contre elles étaient fortes nombreuses. Il avait pu voir de belles radiographies de genoux avec de beaux ostéophytes et avait trouvé beaucoup d’informations sur cet acide hyaluronique mais qui semblait surtout servir à des fins esthétiques et lui ne demandait pas un beau genou mais un bon genou. Il avait pu apprendre que ce n’était ni de la silicone, ni de l’huile, ni du collagène mais bel et bien une substance que l’on trouvait partout: chez les bactéries en passant par les crêtes de coq et jusqu’à l’homme sans spécificité d’espèce. Il s’était dit que finalement le monde animal était bien simple.

 Après un repas très rapide car Madame était allé chez le coiffeur entre midi et deux (il détestait manger seul) Etienne était allé prendre le café chez les Bouchard (un couple plus vieux de 10 ans qui vit sur le même palier) dans l’idée de leur montrer ses deux « boules » aux doigts et portant …le même nom. Il avait ainsi découvert que le voisin avait les mêmes nodosités sur les mêmes articulations mais aussi des « Heberden » au niveau des dernières phalanges (Il parait que c’est la même arthrose mais c’est plus vilain encore), qu’il ne faisait rien parce qu’il n’avait plus mal depuis deux ou trois ans alors qu’il avait bien souffert pendant près d’une décennie. Il avait bien essayé des tas de choses sans résultat; on lui avait même conseillé des opérations qu’il avait refusé parce qu’il avait en tête le souvenir de sa mère ayant souffert longtemps  et un peu comme lui n’ayant plus eu mal sur la fin de sa vie.  Non, chez les Bouchard le problème était au niveau des épaules pour Madame qui souffrait de la «coiffe » et d’une cheville chez Monsieur qui avait eu une fracture des malléoles au service militaire en Algérie pour laquelle il était pensionné (il était d’ailleurs suivi par les « militaires ») et les deux avaient le même traitement antalgique et anti-arthrosique ce qui simplifiait bien les choses. En fait cela faisait au moins deux ans qu’ils le prenaient sans beaucoup d’efficacité mais ils n’osaient pas l’arrêter parce qu’on ne sait jamais…Ils utilisaient aussi beaucoup de produits naturels à base de plantes dont un anti inflammatoire naturel qui marchait assez bien.

Etienne en était venu à son genou, racontant point après point sa consultation, rougissant presque de fierté en expliquant qu’il avait parfaitement supporté la ponction  suivie de l’infiltration. On lui avait quand même enlevé un bon verre d’eau! Incroyable ce qu’on peut avoir! Heureusement que tout cela avait été fait! A quoi Bouchard lui avait expliqué que la cortisone c’était pas bon pour le cartilage et qu’il fallait être très frileux face à ces traitements. A quoi Etienne avait répondu que c’était pas bon de garder une bouillie d’enzymes dans le genou et une membrane synoviale enflammée qui pissait l’eau comme un nez quand il est enrhumé ( c’est ce que lui avait fait comprendre le rhumatologue). Cà en avait bouché un coin et cloué le bec au voisin. Du coup il était parti d’autant qu’il avait à nouveau ressenti une gêne dans le genou depuis un petit moment.

 Rentré à l’appartement il était allé s’étendre. Madame n’était pas encore revenue. Le feuilleton  « Les feux de l’amour » était terminé. Il s’était endormi. Vers 18 heures il s’était réveillé tout gêné de voir son épouse à ses côtés inquiète de voir son homme aussi actif habituellement trainer sur un lit à cette heure-là: Etienne devait couver quelque chose; et si c’était l’histoire des 48 heures? Non dès qu’elle l’avait vu se lever elle avait été rassurée car il avait tout de suite demandé le menu du souper et ça c’était bien lui. Il avait même épluché les pommes de terre pour la soupe et coupé les poireaux et les oignons (Les Saint savaient que les alliacées étaient bons pour l’arthrose) et c’était l’habitude dans les deux familles depuis toujours! Non vraiment le genou allait bien mais Etienne avait senti que s’il forçait un peu, il se passerait quelque chose: alors il bougeait le moins possible. Après le repas et une bonne tisane de tilleul il avait repris 2 paracétamol 500 au cas où… alors qu’il n’avait vraiment pas mal et avait mis deux « aspirines » sur sa table de nuit pour éviter de se relever cette nuit en cas de douleurs. Après l’émission « Des racines et des ailes » il était allé se coucher.

 La nuit s’était bien passée et il n’avait pas eu besoin de comprimés, il avait bien dormi.

Ce matin le genou est parfait, apparemment sec et indolore. Tout est pour le mieux et Etienne décide de reprendre sa vie normale. Après un petit café noir et une bonne douche, il met ses chaussures de marche à semelles souples et part faire son footing habituel infoInfoEtienne n'a t-il pas commencé trop tôt ses activités sportives ? Entre reprise de la vie quotidienne normale et séances de footing, il y a une différence !dans les chemins de terre qui ceinturent le quartier situé juste derrière les immeubles. La foulée est franche et notre homme allonge les jambes sans aucune gêne. Il se permet même des petites accélérations. Curieusement ce serait plutôt son genou droit qui le gênerait un peu mais c’est probablement lié à l’inaction de ces derniers jours. Après une demi-heure de course, il s’arrête sur le dernier banc qui est au bout de la grande allée qui longe le stade et contemple ce dernier en se disant que demain il ira taper quelques ballons car cela lui manque.

En se relevant, il sent à nouveau une douleur qui n’est pas habituelle: c’est comme une aiguille qui rentre dans l’os. Il rentre en marchant à la maison tandis que petit à petit cette sensation disparait. Il a peut-être trop forcé encore une fois, il ne va rien dire et puis il verra cet après-midi. Il retournera peut-être voir le médecin avec le résultat des analyses qu’il sera allé chercher. On se calme, le genou n’est pas chaud, pas enflé et on marche normalement.

Midi est vite là, le gendre vient de passer, il va rester à manger, on lui sert un petit apéritif mais on ne le laisse pas seul devant son verre, on goute le muscat du voisin du 5°, encore un retraité qui vit la moitié de l’année à Sète. Le repas sera très simple avec les restes du pot au feu d’avant-hier (réchauffé, c’est encore meilleur) mais pas de vin parce que le gendre conduit cet après -midi, parce qu’on n’a pas les résultats des cristaux… Madame met en route le Nespresso et l’on se sert deux bonnes petites tasses de café court.

 Il faut aller au laboratoire qui ouvre à partir de 14 heures mais il faut y être à l’ouverture pour voir le patron et ne pas trop attendre. Etienne descend les escaliers avec son gendre, il veut faire comme lui et saute les marches. Quelle bêtise, il s’étale de tout son long au premier palier intermédiaire. Ça va, il ne s’est pas trop fait mal, juste un peu le coude et un poignet mais le genou a eu chaud. Comment a-t-il pu faire cela, se dit-il? Le gendre l’aide à se relever et lui conseille à nouveau de se calmer un peu: il n’a plus 30 ans! Alors ça c’est le pire et dans une cage d’escalier où l’on entend tout, où les paroles résonnent comme les cloches de la cathédrale! La honte totale, Etienne fait le beau et descend le reste des escaliers droit comme un i. On va voir demain si je n’ai pas 30 ans !  Les deux hommes se séparent sur le pas de porte et chacun part à ses affaires.

Il est 14 heures. Etienne entend le rideau métallique du laboratoire qui s’enroule lentement. Il arrive et peut passer en se courbant un peu sous celui-ci. Cela gagne quelques secondes et il est ainsi le premier. La secrétaire qui l’a reconnu lui remet 2 feuilles qu’elle a glissées dans une enveloppe sans un mot. Il n’entend même pas qu’on lui demande la carte Vitale qu’il a oubliée. Il demande à voir le biologiste mais il n’est pas là, ce n’est que sa remplaçante. Cela va être pareil  puisqu’elle en saura de toute façon plus que lui. Il entre dans un petit bureau occupé par une toute jeune personne, mignonne, blondinette, la trentaine. Elle lui serre la main et prend l’enveloppe. Elle découvre ainsi qu’Etienne a eu une ponction du genou il y a 2 jours. Dans le liquide on n’a pas trouvé de microbes (il ne manquait plus que ça…et puis d’où seraient-ils venus?), il y a quelques globules rouges (c’est normal, dit-elle après un ponction- donc d’accord), il y a des éléments blancs (voilà autre chose!) mais en très petite quantité: cinquante, ce qui permet de dire que ce n’est pas de l’arthrite et enfin un taux de protéines éléments blancs (voilà autre chose!) mais en très petite quantité: cinquante, ce qui permet de dire que ce n’est pas de l’arthrite et enfin un taux de protéines »info » »Info » »le bas à 15 grammes par litre. Reste le problème des cristaux: il y a du pyrophosphate de calcium en cristaux dans ce liquide mais pas d’acide urique. Il avait bien raison notre rhumatologue de faire les analyses mais que faire maintenant? La biologiste dit pyrophosphate: elle n’en sait pas plus et Etienne a entendu çà à la jardinerie vers les désherbants. Après des « c’est pas grave » répétés auxquels répondent des remerciements réitérés notre homme s’en va avec ses cristaux dans le genouinfoInfoIl peut exixter de nombreux types de cristaux dans le liquide synovial. Celui de pyrophosphate de calcium oriente ver la chondrocalcinose articulaire mais sa présence se voit aussi dans certaines arthroses avec une fréquence d'autant plus importante que les lésions sont avancées. On peut trouver aussi des cristaux de cholesterol ou d'hydroxyapatite et enfin des cristaux d'acide urique en forme d'aiguille dans la goutte., bien persuadé désormais que ce sont ces corps étrangers qui lui donnent ces douleurs qui piquent parfois. Il va aller faire le forcing auprès de Catherine « sa nouvelle copine » pour récupérer des renseignements auprès de son patron. D’ailleurs il a un peu mal depuis la « découverte » des cristaux et on lui a bien dit de venir au cas où des douleurs persistaient après 48 heures: c’est le cas!

Etienne Saint  aura-t-il pu aller à la montagne pour faire un peu de ski ? Vous le saurez en janvier 2013. A bientôt !

En attendant, et après une bonne lecture des 3 premiers articles, retrouvez quelques anomalies dans les attitudes des différents protagonistes qu’ils devront certainement corriger à l’avenir.Vous pouvez les inscrire dans les commentaires ci-dessous. Elles seront recueillies et examinées.
Les réponses avec la publication du prochain chapitre des aventures d’Etienne Saint