La visco-supplémentation ne fait pas mal. La libéllule transformée en aiguille coudra la bouche du menteur, dit une vieille légende

La viscosupplémentation dans le genou atteint d’arthrose:

Comment cela se passe.

On précise d’abord que ce traitement est réservé à l’arthrose symptomatique du genou et qu’il obéit à des règles de prescription précises bien connues de votre médecin spécialiste.

La visco-supplémentation consiste à injecter dans l’articulation une solution d’acide hyaluronique

préalablement choisie en fonction de critères comprenant notamment le volume de la préparation, sa concentration et sa provenance. Le rhumatologue, le médecin rééducateur ou du sport et l’orthopédiste, puisque seuls ces praticiens sont autorisés à pratiquer ce geste, choisit ainsi le produit à administrer qui est délivré sur ordonnance en pharmacie mais peut parfois être commandé directement au laboratoire qui l’adresse contre paiement. L’acide hyaluronique (hyaluronate) se présente généralement en coffret de 3 ampoules permettant un traitement qui s’étale sur 2 semaines avec 3 injections séparées chacune de 6 à 8 jours. Une forme avec injection unique d’un volume équivalent ou supérieur aux 3 ampoules classiques est aussi proposée par certaines firmes. Enfin un produit se distingue des autres étant classé comme médicament et non comme dispositif médical : il est conditionné en boite de 1 ampoule.

Une fois en possession du produit, il convient de le conserver avant usage à l’abri de la chaleur à température ambiante dans un emballage que l’on évite d’ouvrir ( notamment pour lire la notice !) tout comme les blisters qui contiennent les seringues au risque de les rendre inutilisables. On évitera pendant le transport chez le praticien de laisser la boite sur le tableau de bord de la voiture ou la lunette arrière surtout l’été car la forte chaleur modifie les constantes physiques de l’AH.

L’injection (video) se fera sur un genou propre  déjà habituellement nettoyé au savon à la maison. Le médecin pratiquera un lavage et/ou dégraissage suivi d’une asepsie avec Bétadine ou solution de Chlorhexidine (généralement colorée donnant ainsi un aspect rosé à la peau qu’il ne faut pas confondre avec une réaction de type allergique pouvant alors inquiéter) précautionneuse et lente pour que l’effet bactériostatique de ces substances soit maximum. Après s’être à nouveau  désinfecté les mains et avoir mis accessoirement des gants selon sa pratique personnelle, le praticien prend une aiguille qu’il fait pénétrer dans la cavité articulaire du genou par une des trois voies possibles : antérieure le genou étant plié, latérale interne ou externe sous la rotule. Cette phase n’est généralement pas douloureuse et ne nécessite aucune anesthésie. La traversée de la capsule et de la membrane synoviale peut déclencher une brève douleur si elles sont enflammées. La bonne mise en place de l’aiguille dans la cavité articulaire est certifiée par l’issue de quelques gouttes de liquide synovial qui pourra être recueilli pour analyse en cas de nécessité. Si la présence de liquide est importante, suspectée par la présence clinique d’un épanchement ou matérialisée lors de la mise en place de l’aiguille, le médecin réalisera un « vidage » de l’articulation le plus complet possible pour éviter que le produit injecté ne soit dilué dans une trop grande quantité de liquide synovial diminuant par là même ses propriétés rhéologiques optimales. On admet qu’une dilution au quart supprime les capacités de liaison entre les chaines d’AH. Pour une ampoule injectée de 2 ml, l’épanchement résiduel après ponction éventuelle doit être inférieur à 8 ml. C’est l’occasion de signaler l’intérêt d’utiliser au besoin une préparation avec un volume plus élevé tel que 6 ml qui supportera alors 24 ml de LS restant. Une fois cette étape réalisée qui ne demande de la part du patient qu’un peu de patience car il n’y a généralement aucune douleur à l’évacuation puisqu’elle se fait sous une pression égale ou supérieur à la pression atmosphérique, il sera procédé à l’injection de l’acide hyaluronique (hyaluronate) qui se fait sans difficulté plus ou moins lentement selon la nature de la préparation choisie. Une fois que l’aiguille est retirée la mobilisation du genou par quelques mouvements de flexion extension va entrainer la répartition de l’AH dans la cavité articulaire qui comporte, on le rappelle, trois compartiments ; fémoro-tibial interne, externe et fémoro-patellaire.

Le patient peut alors rentrer chez lui. L’immobilisation totale n’est pas nécessaire  mais le repos relatif est recommandé. On évitera ainsi de de faire, par exemple, du vélo, de la marche à pied ou du jardinage dans la journée. Tout se passe ensuite généralement très bien sans réaction douloureuse et le lendemain une activité normale peut être reprise. Il faut savoir cependant que dans quelques rares cas une réaction inflammatoire avec douleur et chaleur locale s’installe lentement mais parfois brutalement pouvant aller jusqu’à rendre la nuit suivant l’injection pénible et déterminant au maximum une pseudo crise de goutte. Il s’agit d’une arthrite de type microcristalline qui nécessite le repos, une vessie de glace, un antalgique et/ou un antiinflammatoire. Il est rare qu’il faille aller au-delà d’un appel téléphonique auprès du praticien pour prendre en note ces quelques consignes. Une ponction évacuatrice pourra cependant très rarement être proposée. Cet incident peut rendre la situation du genou inconfortable pendant au maximum 48 à 72 heures. Tout doit rentrer dans l’ordre passé ce délai.

Si tel n’est pas le cas, il faut impérativement recontacter son médecin pour qu’il procède à un examen du genou et réalise au besoin un geste explorateur pour retirer du liquide synovial qui sera alors analysé à la recherche d’un germe bactérien et/ou de cristaux. Le risque d’arthrite septique après injection ou ponction articulaire indépendamment de toute faute d’asepsie n’est pas nul et on admet généralement que cela peut se produire dans une proportion de 1 pour 15.000. Cette complication doit systématiquement être évoquée devant un genou chaud et douloureux trois jours après le geste médical. La prise en charge immédiate de celui-ci n’entraine alors généralement aucune conséquence alors qu’un retard au diagnostic par ignorance ou négligence peut être catastrophique pour l’articulation. Le médecin qui a réalisé le geste connait bien ces situations et peut ainsi vous rassurer entièrement.

Une fois la visco-supplémentation réalisée avec une ou trois injections, il vous faudra patienter généralement quelques semaines avant de ressentir les premiers résultats mais parfois la douleur diminue dès le premier mois.

En cas d’atteinte des 2 genoux, le médecin pourra vous proposer de faire les 2 articulations à la fois : il n’y a pas d’obstacle technique à cette réalisation mais cette option pourra être écartée pour raison médicale et relève de considérations personnelles.

Le traitement ainsi réalisé peut être soumis à remboursement par la sécurité sociale et les mutuelles une fois par an et pour chaque genou sur la base d’une série de 3 injections. Ces conditions pourraient évoluer dans l’avenir si les connaissances récentes dans le mécanisme d’action de cette visco-supplémentation et ses nouvelles présentations amenaient à modifier le rythme des injections. Un schéma avec une injection tous les 3 à 6 mois plutôt qu’ hebdomadaire pourrait être envisagé pour améliorer les résultats cliniques.

En préalable à cette visco-supplémentation, il pourra vous être proposé, en cas de genou très inflammatoire, douloureux et avec gros épanchement, une ponction évacuatrice suivie une injection d’un corticoïde pour assécher le genou avant introduction 2 à 3 semaines plus tard de l’AH. Cela fait référence aux remarques faites plus haut et concernant le risque de perte d’efficacité du produit par dilution. De la même manière et au cours d’une séance d’injection de l’AH, le médecin pourra vous proposer d’associer au produit un dose d’un corticoïde local car il aura trouvé la présence de liquide en trop grande quantité ou traversé avec l’aiguille une membrane synoviale inflammatoire, ce qu’il ressent très bien au bout des doigts.

Voilà, vous savez désormais tout sur la façon de faire de la visco-supplémentation au niveau d’un genou.

Vous pouvez compléter vos connaissances en jouant autour d’un arbre thérapeutique décisionnel dans la gonarthrose.

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Un complément d’informations sur la viscosupplémentation peut être trouvé avec ce lien:

Viscosupplémentation à l’acide hyaluronique dans l’arthrose du genou: mise à niveau (lien)

On peut aussi voir une vidéo de viscosupplémentation des genoux (lien)

Cet article ne reflète que l’expérience de l’auteur au moment où l’article est publié. La technique présentée n’a  aucun caractère officiel et ne constitue en aucune façon une référence opposable.