Le ligament antéro-latéral du genou, connu depuis 2012 grâce à des équipes d’orthopédistes français, est un facteur d’arthrose s’il est lésé.

Un « nouveau » ligament vient rappeler qu’il faut continuer comme toujours à bien examiner le genou traumatique comme l’école d’orthopédie française nous l’a toujours appris.

Des orthopédistes belges (1) viennent de mettre au premier rang des informations quotidiennes la « découverte » d’un nouveau tendon au genou dans sa portion externe « latérale » selon la nouvelle nomenclature anatomique. Cette partie du ligament latéral externe ou «latéro-latéral » a ainsi été divulguée  par les auteurs au public sous le terme du « ligament antéro-latéral». Cette attache serait en cause dans les mauvais résultats obtenus au cours de la chirurgie réparatrice des ruptures du ligament croisé antérieur lorsqu’une instabilité persiste après sa réparation isolée. Elle va être à l’origine notamment d’une arthrose du genou précoce.

Sans minimiser le travail belge qui a vulgarisé cette structure fibreuse comme entité à part entière plutôt que comme un faisceau fibreux  capsulo-ligamentaire dépendant du ligament latéral ainsi depuis longtemps connu, il faut savoir que ce sont des orthopédistes français (2-3) dont  le Pr. P. Neyret qui avaient déjà mis en évidence ce ligament « qui relie l’épicondyle latéral au plateau tibial externe, en passant en pont (mais en y adhérant) à la face externe du ménisque externe». Le Dr J.P.Vincent (2-3) est d’ailleurs auteur d’une publication remontant à 2012 sur ce ligament antéro-latéral.

Un orthopédiste français (4) avait aussi décrit cette bande fibreuse, nacrée et résistante qui pouvait arracher la partie osseuse tibiale sur laquelle il s’insérait réalisant une fracture parcellaire. C’est la classique fracture de P. Segond  qui doit être recherchée dans tout traumatisme mettant en cause le ligament croisé antérieur. Nous étions alors en 1879.

Lorsque nous apprenions à examiner un genou il y a bientôt 50 ans, nos grands « maitres » orthopédistes qui n’avaient, après leurs mains et leur expérience, que des clichés radiologiques bien sommaires mais pas de scanner, pas d’IRM, pas d’arthroscopie, nous expliquaient tout ce qu’il convenait de rechercher cliniquement sans se contenter du minimum. Un tiroir antérieur, signe de lésion du croisé, devait toujours être accompagné de la recherche d’une laxité latérale, synonyme de lésion d’un ligament latéral. Ils savaient en effet que le traitement isolé de la lésion du ligament croisé s’accompagnait toujours d’un échec en l’absence de la gestion éventuelle de l’atteinte des ligaments latéraux, notamment du latéral externe souvent négligé mais pourtant très fréquemment lésé au cours d’un traumatisme en torsion. Un examen attentif du genou évitait ainsi une laxité post-opératoire très fréquente, source de l’arthrose. Nous recherchions déjà une lésion du ligament antéro latéral sans le savoir, celle que nous montrait cependant parfois la radiographie avec un arrachement osseux tibial externe. Pour le compartiment externe (latéral) ou interne du genou le reflexe clinique « lyonnais » fonctionnait  parfaitement et l’on recherchait les célèbres triades antérieures(5) du Pr. A. Trillat avec  lésion méniscale interne,  lésion du ligament latéral interne (médial)  et lésion du croisé antérieur ou bien cette dernière lésion associée à une atteinte du menisque externe et du ligament latéral externe (latéral). Mais on mettait aussi en évidence selon le même principe les triades postérieures. Ainsi tout était fait cliniquement pour établir un bilan précis afin de limiter à tout prix une laxité post-opératoire éventuelle résiduelle, source d’échec constant.

Bien examiné, le patient souffrant d’un traumatisme du genou avait toute chance  d’éviter une arthrose secondaire précoce du genou. Ce doit être le cas aujourd’hui avec l’apport complémentaire formidable de l’imagerie.

Conclusion.

La divulgation de cette information, qui n’est pas une découverte récente, reste cependant capitale car elle remet au premier plan l’intérêt d’un bon examen clinique du genou pour envisager le bon traitement avec, à la clé, un meilleur pronostic à long terme. Il s’agit d’une excellente nouvelle pour la prévention de l’arthrose du genou.

Bibliographie.

  1. 1-     Claes S, Vereecke E, Maes M, Victor J, Verdonk P, Bellemans J.  Anatomy of the anterolateral ligament of the knee. J Anat. 2013 Oct;223(4):321-8. 1.
  2. 2-     Trojani C, Beaufils P, Burdin G, Bussière C, Chassaing V, Djian P, Dubrana F, Ehkirch FP, Franceschi JP, Hulet C, Jouve F, Potel JF, Sbihi A, Neyret P, Colombet P. Revision ACL reconstruction: influence of a lateral tenodesis. Knee Surg Sports Traumatol Arthrosc. 2012 Aug;20(8):1565-70.
  3. 3-     Vincent JP, Magnussen RA, Gezmez F, Uguen A, Jacobi M, Weppe F, Al-Saati MF, Lustig S, Demey G, Servien E, Neyret P. The anterolateral ligament of the human knee: an anatomic and histologic study. Knee Surg Sports Traumatol Arthrosc. 2012 Jan;20(1):147-52.
  4. 4-     Segond P. Recherches cliniques et expérimentales sur les épanchements sanguins du genou par entorse. Progrès Médical (Paris-1879)
  5. 5-     Bousquet G. – Les ruptures traumatiques des ligaments croisés du genou, problèmes physiopathologiques, traitement chirurgical, Thèse med., Lyon, 1969, dirigée par A. Trillat.