Acide hyaluronique: pourquoi dans l’arthrose

L’acide hyaluronique (AH) est un glycosaminoglycane présent naturellement dans les organismes animaux dont l’homme et  très répandu dans les tissus conjonctifs, épithéliaux et nerveux. On le trouve notamment dans l’œil d’où il trouve son nom et pour ce qui nous concerne dans les articulations dont le liquide synovial. Il est  un des principaux composants de la matrice extracellulaire. L’acide hyaluronique est un glycosaminoglycane non sulfaté qui possède une très longue chaîne très longue  d’un seul et même sucre disaccharidique. Il sert à maintenir un bon niveau d’hydratation des tissus dans lequel il se trouve en captant l’eau entre ses  » mailles ». C’est un biopolymère de très haut poids moléculaire, capable de retenir une quantité d’eau supérieure à 1 000 fois son poids. Véritable « éponge moléculaire », il joue un rôle essentiel au niveau des articulations en augmentant la viscosité du liquide synovial, en rendant le cartilage plus élastique et plus résistant aux chocs que le mouvement provoque.

Extraction de l’acide hyaluronique.

 Cette substance est obtenue par deux méthodes différentes : soit broyage de crêtes de coq suivi d’une extraction  chimique puis d’une filtration et purification pour éliminer les protéines d’origine aviaire afin d’éviter au maximum les risques allergiques, soit fermentation bactérienne dans laquelle des filaments d’acide hyaluronique de plus en plus grands avec le temps de travail de la bactérie génétiquement modifiée sont synthétisés. Il s’agit généralement d’un streptocoque non pathogène. La viscosité du gel obtenu est proportionnelle à la longueur de la chaine formée qui détermine son poids moléculaire exprimé en Daltons.

Son utilisation dans l’arthrose.

L’AH, comme signalé plus haut, est le principal constituant du liquide synovial dont la viscosité est diminuée dans l’arthrose : ce polymère y est en effet acide moins concentré avec en plus des chaines moins longues de plus faible poids moléculaire. C’est sous la forme de hyaluronate de sodium que cet AH se trouve dans le liquide synovial, et dans les préparations pharmaceutiques pour injections intra-articulaires. Ce polymère se trouve en majeure partie à l’état libre dans l’articulation sans liaison ou complexation avec d’autres molécules. Son poids moléculaire varie de 4 à 5 millions de Daltons dans les conditions normales et sa concentration y est élevée : de 2 à 4 mg/ml. On le trouve aussi en grande quantité dans la capsule articulaire et le cartilage articulaire où il forme l’armature de ce tissu. Il est synthétisé par des cellules particulière de type A de la membrane synoviale. Il est ensuite en partie « cassé » progressivement dans l’articulation puis dégradé par la hyaluronidase de la membrane synoviale. Responsable de la viscosité et de l’élasticité du liquide synovial, sa diminution en concentration et en longueur dans une articulation arthrosique notamment entraine une augmentation des phénomènes inflammatoires synoviaux et donc une aggravation des lésions du cartilage.

Ces constatations ont conduit au développement du concept de « visco-supplémentation » qui propose de restaurer des constantes rhéologiques normales par introduction d’un AH de forte concentration et de haut PM dans l’articulation mais aussi à celui de « visco-induction » qui propose par le même moyen d’introduction d’une même substance de favoriser la synthèse locale d’un AH de PM plus élevé et donc plus fonctionnel. Les deux concepts vise donc à améliorer ainsi la mobilité et la fonction articulaires tout en ayant une action antalgique « antiinflammatoire ».

Efficacité de l’AH

La plupart des essais cliniques conduits avec l’AH ont montré une supériorité sur le placebo dans la gonarthrose, quel que soit le produit utilisé même si certains se sont avérés négatifs. L’effet bénéfique demande entre 2 et 4 semaines pour se manifester et peut durer de quelques semaines jusqu’à 6 mois voire 1 an. On note une diminution de la douleur et de la gêne fonctionnelle allant en parallèle avec la diminution de la prise d’antalgique et l’augmentation du périmètre de marche.

Utilisation de l’AH

La « visco-supplémentation » et/ou « visco-induction » sont un traitement de l’arthrose. L’AH est un anti-arthrosique symptomatique d’action lente de type « slow acting drug » chère aux anglo-saxons. Il fait partie des recommandations de l’EULAR dans le traitement de la gonarthrose, mais aussi de la coxarthrose, et plus récemment de l’arthrose digitale avec un niveau de preuve modéré. Il est aussi utilisé au niveau de l’épaule et de la cheville où comme dans la hanche sa place doit être bien définie. De nombreux essais poussent à l’utiliser de plus en plus largement même si des recommandations sont attendues.