L’acide hyaluronique peut transporter des anticorps anti-cytokines au contact des lésions d’arthrose.
Une fonction intéressante pour traiter localement une poussée inflammatoire d’arthrose?
C’est ce que pensent des chercheurs américains de l’université de Pittsburgh en Pensylvanie qui suggèrent l’utilisation de polymères à haut pouvoir hydrophile complexés à des anticorps (AC) monoclonaux anti TNF-α ou anti IL-1β pour le traitement de poussées inflammatoires locales dans certaines affections oculaires comme l’uvéite, cutanées comme les brûlures ou les plaies chroniques mais aussi articulaires comme l’arthrose. Ces manifestations locales inflammatoires parfois intenses ont en commun les mêmes difficultés à se résorber rapidement, ce qui nuit à la cicatrisation et entraine à la longue des dégradations tissulaires irréversibles.
Dans le cas de l’arthrose qui nous intéresse, on sait que c’est au cours de ces poussées congestives que le cartilage se détruit rapidement d’où l’intérêt de les bloquer rapidement comme peut le faire une injection de cortisone avec les effets délétères possibles que l’on connait. On connait d’autre part la présence dans ces périodes de cytokines pro-inflammatoires à des taux très élevés dans le liquide synovial si on les compare à ceux trouvés dans des articulations saines. C’est le cas pour le TNF-α et l’ IL-1β . Ces substances stimulent la production d’enzymes qui dégradant la matrice extracellulaire entraînant une détérioration irréversible du cartilage articulaire.
Les plus puissants des anti-inflammatoires comme les biothérapies avec anticorps anti- TNF-α ou anti IL-1β ou les récepteurs solubles anti TNF-α mais aussi la cortisone par voie générale sont utilisés dans certains cas de ces affections mais on sait qu’ils comportent des effets généraux eux aussi potentiellement importants et qu’ils comportent aussi de nombreuses contre-indications d’ordre général. Mais aussi ces substances et notamment les anticorps ont des demi-vies d’action très courtes et ont peu de chance d’arriver intactes au siège de l’inflammation d’où la nécessité d’apporter des doses itératives de ces substances pour maintenir un effet thérapeutique intéressant.
C’est pour éviter cet écueil que les auteurs proposent d’introduire dans la zone d’inflammation l’agent thérapeutique. Ils suggèrent donc d’utiliser un acide hyaluronique de masse moléculaire supérieure à 1 million de daltons (1MDa). sur lequel est accroché de l’infliximab, un anticorps anti-TNF-α chimérique. Cette conjugaison de l’anticorps avec un polymère hydrophile de haut poids moléculaire capable de ralentir la diffusion de la petite protéine AC devient un moyen de fournir une dose continue et régulière de l’inhibiteur du TNF-α dans l’articulation. De telles préparations ont été testées avec succès dans un modèle d’inflammation locale chez le rat avec succès. D’ autres conjugaisons avec d’autres anticorps de type anti IL-1β notamment et d’autres porteurs ont été testées.
Mais les auteurs recommandent l’utilisation de l’acide hyaluronique comme polymère transporteur en raison de ses importantes propriétés biologiques intrinsèques notamment son action sur la motilité cellulaire
Notre avis.
L’acide hyaluronique n’a pas fini de nous étonner et voici une nouvelle façon de l’utiliser intelligemment. Nous ne reviendrons pas sur les propriétés biologiques et mécaniques de ce polysaccharide non allergène: celles qui font qu’il est de plus en plus utilisé dans le traitement de l’arthrose dès que le traitement conventionnel n’est plus suffisant ou mal toléré parce qu’il est efficace, sûr et sans danger entre les mains expertes que la législation impose justement. IL s’agit certainement d’un moyen intéressant pour relancer l’ utilisation des biothérapies dans l’arthrose. Elles n’ont pas pour l’instant montré de grande capacités thérapeutiques pour cette affection.