Chapitre 15 Etienne « offre son corps » à la science

Après qu’Etienne soit rentré de sa petite soirée « apéritif » surprise de vendredi soir à la suite de l’invitation du radiologue, il avait du subir les foudres de son épouse concernant le retard pour le diner et l’inconscience masculine au regard des écarts de régime concernant l’alcool. Pourtant un petit whisky ne paraissait pas devoir être une entorse grave !

Le repas s’était déroulé dans une ambiance très froide malgré une soupe réchauffée. La soirée s’était déroulée tout naturellement autour d’une émission télévisée qu’avait choisi madame et notre homme en avait profité pour relire entre deux images et trois paroles la notice d’information concernant le traitement que lui proposait le Dr Manfaimieux. Les propos de son nouvel ami radiologue le docteur Tubix l’avaient rassuré et il avait pris la décision d’accepter de rentrer sous contrôle selon le protocole proposé qui ne changeait en fait strictement rien au programme que le rhumatologue avait initialement proposé d’autant que le produit utilisé était de l’acide hyaluronique quel que soit le groupe dans lequel il serait inclus. Il irait donc lundi matin signer les papiers dès l’ouverture du cabinet médical.

Le week-end avait été triste à mourir dans une atmosphère froide et humide propre à réveiller les douleurs rhumatismale comme on le dit populairement et pourtant Etienne n’avait pas souffert plus que coutume en dehors de son genou droit toujours sensible et cela d’autant plus qu’il n’avait pas pris de paracétamol depuis jeudi soir. Le dimanche après-midi le couple était allé faire un petit tour dans le bois qui borde la route nationale à la sortie de la ville. C’était une promenade classique, agréable où l’on rencontrait beaucoup de gens de la ville. La marche y était facile car le terrain était bien plat sans aucun obstacle. Les bancs qui occupaient les bandes de gazon étaient remplis par les  gens du troisième âge ou les jeunes mamans avec leurs enfants occupés à gouter ou grignoter tandis que coureurs, cyclistes et cavaliers se partageaient les allées en terre battue. Il y avait peu de bruit et dehors de ceux des sabots et des rares sonnettes de vélos qui avertissaient de leur passage.

Notre homme avait fait une petite pause après avoir reconnu le beau-père de sa fille qui habitait la même agglomération. Ils avaient ainsi trouvé une table siège et s’étaient posés quelques minutes pour discuter un peu. Ils en étaient venus à parler de douleurs et cette connaissance avait raconté à Etienne qu’il souffrait d’arthrose depuis bientôt deux mois sans aucune amélioration sous l’effet des antalgiques et antiinflammatoire avec des douleurs nocturnes qui l’empêchaient de dormir. Il avait beaucoup maigri et n’avait plus d’appétit au point de craindre le pire. Il se demandait si d’autres examens ne seraient pas nécessaires car cela lui paraissait tout à fait anormal pour de l’arthrose même si on lui avait dit que c’était normal à son âge (il avait 68 ans) et qu’il ne fallait pas demander la lune. De conseils en conseils il avait été convenu que l’avis du rhumatologue serait demandé demain.

La soirée était vite arrivée puis la nuit avant ce lundi matin avec lequel Etienne s’était levé en pleine forme. Cela faisait presque 10 jours qu’il ne souffrait plus la nuit. En prenant son café il s’était pris à réfléchir qu’en fin de compte en dehors du genou droit tout allait finalement assez bien. C’était un constat plutôt rassurant. Vers 9 heures il s’était présenté chez le Dr Manfaimieux et il avait été prié d’attendre un peu car il fallait qu’il soit revu. Il était finalement rentré dans le bureau du médecin une demi-heure plus tard. Il avait relu avec le médecin la notice d’information qu’il avait déjà largement étudié depuis le jeudi précédent puis il avait signé en triple exemplaire une feuille de consentement éclairé dont il avait gardé un exemplaire qui contenait l’ensemble des renseignements sur cette étude. Il avait du à nouveau se déshabiller pour un nouvel examen général et en particulier du genou toujours un peu gonflé. Il avait rempli des questionnaires de qualité de vie et répondu à l’ensemble des informations demandées. Il avait de son coté obtenu toutes les informations souhaité et reçu l’ensemble des rendez-vous à venir pour les 12 semaines à venir. Il s’était engagé à ne prendre que façon épisodique et en secours du paracétamol en cas de douleurs et à en noter la consommation chaque jour. Tout cela avait demandé  une bonne demi-heure. Il était sorti du bureau vers 10 heures. Il s’était présenté devant Catherine pour régler les honoraires de la consultation et avait eu la surprise d’apprendre que celle-ci était gratuite. Comme il n’avait pas pris d’anti-inflammatoires de plus plus de 2 semaines, comme il n’avait jamais eu le moindre geste local dans le genou droit, il allait pouvoir commencer le traitement jeudi et on lui avait fixé un rendez-vous en fin de journée. Il n’aurait rien à apporter.

Il était sorti très léger et marchant sur le trottoir éclairé par un magnifique soleil d’hiver, il s’était mis à penser que finalement la vie était belle ! Tout d’un coup il avait pensé au père de son gendre : il n’avait rien demandé ! Quel oubli, il réparerait cela jeudi.

Etienne rentre à la maison, passe à la maison de la presse pour prendre aujourd’hui le journal. On dirait qu’il a repris un rythme de vie normal, les automatismes reviennent vite. Dès que le genou droit aura été guéri, il retournera au stade.