Chapitre 6. Le reveillon et le retour
Nous avons laissé Etienne au matin du 27 décembre quand il montait par le télésiège vers les sommets qui dominent les Trois Vallées. Il avait pu faire une bonne journée de ski, avait à nouveau passé un mauvaise nuit avec des douleurs sourdes des membres inférieurs entrecoupées de crampes tenaces qui l’avaient à nouveau sorti tôt du lit. Il avait ainsi pu se rentrer au laboratoire dès son ouverture à 7 heures trente, à jeun. Il n’avait en plus rien mangé la veille pour ne pas, pensait-il, perturber les résultats. Chancelant à l’arrivée, il était tombé dans les « pommes » après la prise de sang ce qui lui avait valu un grand café très sucré après de multiples sourires dans les yeux quand il était revenu à lui. C’étaient ceux de l’infirmière qui l’avait pris en charge : une vraie maman qui l’avait dorloté et lui avait redonné des couleurs. Il avait par la suite repris le chemin des pistes de ski. Il n’avait plus eu très mal depuis qu’il avait commencé ses antiinflammatoires et ses antalgiques et avait profité pleinement de belles journées ensoleillées pour dévaler et remonter les pentes sans soucis pour amortir le forfait tant le rythme était élevé. Il était allé chercher le 29 les résultats des examens qui avaient montré un taux de cholestérol limite à 1.60 g/l mais avec un bon HDL à 0.65, une élévation des triglycérides et un taux d’acide urique strictement normal, ce qui avait fait dire au laboratoire qu’il était en pleine forme et que les triglycérides élevés n’étaient que le reflet des excès alimentaires de ces derniers jours, que cela serait vite corrigé par quelques jours d’activité sportive au grand air. Cela lui avait été confirmé par le Docteur Lacime qu’il avait croisé sur la place en revenant du laboratoire.
Au diable la goutte et les régimes : tout était parfait. Le réveillon du 31 pouvait être attendu avec sérénité. Comme genoux et pieds allaient aussi bien que possible sous l’effet du traitement, il suffisait de continuer à s’aérer sous les sommets pour profiter pleinement du séjour.
C’est ainsi que chaque soir le repas avait comporté une spécialité du pays ; potée, diots, fondue copieusement arrosé d’Apremont, de Roussette ou de Chignin.
Les journées étaient bien remplies avec les 4 heures de ski suivies de flâneries au bowling ou à la patinoire ou dans les galeries marchandes.
Nous sommes arrivés très vite au soir du 31 décembre où fille et gendre ont préparé le réveillon pendant que papy et mamy ont emmené leur petit fils voir Niko le petit renne un autre film programmé pour la fin de l’après-midi. Au retour Etienne a rangé les skis sur la voiture pour gagner un peu de temps puisqu’il fallait partir le lendemain avant midi. Il n’avait pas reneigé depuis leur arrivée et la pente pour accéder au garage était sèche : il n’y aurait pas besoin de chaines. Il a vérifié l’état de la batterie car elle était un peu vieille. Il est remonté vers 19 heures 30 pour aider à mettre la table et allumer les bougies. Tous avaient en effet décidé d’avancer un peu le diner pour profiter d’une bonne nuit après les vœux de minuit.
Le réveillon a donc commencé tôt à 20 heures avec la Marseillaise et les vœux du Président Hollande. Cela n’a empêché aucun d’attaquer le repas par une bisque de homard, suivie d’huitres bretonnes, de crevettes de Madagascar, d’escargots de Bourgogne et d’une daube de sanglier suivis d’un fromage blanc à la crème et clôturé par une très belle biche au chocolat noir et blanc. Etienne a recommandé à son gendre de ne pas trop boire car il conduirait le lendemain ce qui lui a permis par contre de mouiller un peu tous ces plats merveilleux avec un Champagne Cordon Rouge de chez Moët, seul vin retenu ce soir-là.
A minuit au milieu des discussions familiales la télévision s’est enflammée attirant l’attention des convives. L’heure est aux vœux et aux embrassades.
Bonne année à tous.
Etienne est aux anges, ne souffre plus, mange ce qu’il veut, a passé une semaine de rêve, a pris à nouveau confiance dans sa forme physique : on l’a admiré en haut des pistes. Il a même été félicité hier matin par la petite Virginie de la pharmacie pour son style ! Il a même arrêté les médicaments ce matin
Ce matin il prend le chemin du retour, bien content d’avoir pu tordre le cou à ces douleurs qui avaient commencé à l’envahir avant Noël. Le sport, il n’y a que cela pour guérir. Il pense déjà au terrain de football qui l’attend.
Vous aurez tous noté que notre ami Etienne a commis beaucoup d’erreurs au cours de son séjour. Lesquelles auriez-vous pu éviter si vous aviez été dans son cas et quels conseils pourriez-vous lui donner pour les jours à venir ?
Peut-on exclure une crise de goutte du pied sous prétexte que, malgré les douleurs, il a un acide urique normal dans le sang et que l’atteinte ne siège pas au gros orteil ?
Aurait-il dû accepter l’injection d’un viscosupplément dans le genou comme proposé par le médecin généraliste de la station ?
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