Chapitre 17. Etienne va de mieux en mieux
Etienne Saint est allé hier après-midi chez le Docteur Gérard Manfaimieux pour recevoir la 2° injection d’un complexe hyaluronate de sodium-sorbitol dans le genou droit. La première injection avait eu lieu il y a maintenant 8 jours et s’était déroulée sans aucune douleur pendant et après. La semaine avait été parfaite et notre patient avait petit à petit repris confiance dans ses articulations car depuis près de 15 jours il ne ressentait plus de douleur en dehors de ce genou. L’infiltration s’est une nouvelle fois très bien passée sans aucune douleur ; il faut dire que ce rhumatologue pique très bien confirmant au fil des interventions cette qualité qui fait désormais une partie de sa réputation. Il a une nouvelle fois répondu à l’ensemble des questionnaires de qualité de vie qui sont inclus dans le processus d’expertise de ce nouveau traitement. Il n’y a pas eu de modification objective notable de l’état du genou depuis l’inclusion mais il ne prend ni antalgique ni antiinflammatoire car la gêne ressentie est plus du ressort de la fonction que celle de la douleur. Selon le praticien il n’y a plus d’eau dans le genou.
Etienne peut envisager de reprendre des activités sportives dans la semaine à venir. Il a posé la question du régime et de l’acide urique car ne souffrant plus du pied et du poignet, il souhaiterait élargir un peu l’alimentation dans les jours à venir. Le médecin lui a répondu qu’il y aurait lieu de refaire une analyse en fin de mois et donc après la dernière injection dans le genou : il a d’ailleurs reçu une ordonnance dans ce sens pour prendre rendez-vous avec le laboratoire. En attendant on lui a recommandé de continuer à être vigilant.
Il a évoqué à nouveau le problème de l’épaule qui, si elle ne lui fait pas mal, n’en reste pas moins un endroit fragile (il le sent bien). Le rhumatologue lui a aussi répondu que pour l’instant il n’y avait aucune décision à prendre sur le plan thérapeutique.
Il est rentré chez lui hier soir sans aucune difficultés, ne souffrant absolument pas. Si le temps doit changer comme la météo nationale l’a annoncé depuis 2 jours, il ne ressent aucune douleur. Le plafond du ciel est vraiment très bas et très sombre avec une lumière particulière : celle que l’on perçoit quand la neige approche. Il ne s’est pas attardé en route préférant son fauteuil aux discussions debout qu’il peut provoquer à tout instant au long du trajet tant il connait de commerçants sur l’avenue. Il a utilisé les escaliers pour atteindre son appartement sans aucune difficulté. La soirée a été très calme, il a regardé un moment la télévision après un repas du soir une nouvelle fois très frugal et est allé se coucher.
Ce matin Etienne se lève et la ville est sous la neige. Il a dormi comme un loir et a fait pratiquement un tour de cadran dans son lit. Tout est calme. Quelques marchands ont affronté le temps et étalé leur marchandise au-dessus de trottoirs recouverts d’un immense manteau blanc. Ils sont plus nombreux et donc courageux que les quelques clients qui tentent de marcher sans glisser entre plateaux et tréteaux posés de façon très anarchique aujourd’hui. Il se dit qu’il va aller faire un tour après le petit-déjeuner pour choisir quelques légumes dans l’idée de proposer à son épouse de réaliser un pot au feu : le temps s’y prête et bien dégraissé c’est un plat qui ne devrait pas poser de problème, il évitera les os à moelle. Navets, oignons et clous de girofle, choux, carottes, poireaux et quelques pommes de terre rentrent tout à fait dans les recommandations alimentaires de l’arthrosique. Le collagène de cette viande particulière choisie par Etienne dans le jarret et le paleron pour ce plat y est en quantité importante à la différence de la graisse quasi absente et devrait aussi apporter de quoi nourrir le cartilage comme le suggèrent de nombreux compléments alimentaires dédiés à l’arthrose. Est-ce que d’ailleurs la prise de ce collagène est utile ? Il faudra qu’il pose la question aux médecins. Il va falloir qu’il s’active s’il veut pouvoir être servi comme il le désire par le boucher.
Le genou est totalement indolore et sa mobilité est parfaite. Il peut rentrer ce matin dans la baignoire et prendre un bain, plaisir qu’il avait abandonné depuis quelques semaines en raison des difficultés qu’il avait rencontré à enjamber le rebord. Il retrouve cette sensation de chaleur si particulière que lui offre ce petit quart d’heure supplémentaire de repos. Et si les cures thermales dont on parle tant lui apportaient ce bien-être ? Il faudrait qu’il en parle aussi car un séjour à Aix les Bains pourrait bien être envisagé à l’automne à condition que cela lui apporte un plus. Il a lu il y a quelques temps sur « Notre Temps » une étude réalisée par les médecins d’Aix, Balaruc et Dax qui montrait que les patients atteints d’arthrose du genou étaient nettement améliorés par les traitements thermaux.
Après un bon café, il récupère pull à col roulé, anorak, écharpe, gants, chausse ses bottes et part affronter les artères de la petite ville encore toute frileuse et comme anesthésiée par le froid que souffle un petit vent du nord qui fait tourbillonner quelques flocons de neige qui ne veulent pas terminer au sol. Il marche parfaitement bien sur des trottoirs devenus imaginaires, il se rend chez le boucher. Il est seul et peut tranquillement choisir les morceaux désirés. Le commerçant lui rajoute un morceau de queue de bœuf pour faire du « gout ». Il retourne vite à la maison car il faut mettre à cuire la viande rapidement si l’on veut qu’elle mijote au moins 3 à 4 heures. Madame qui s’est levée est ravie de la proposition de plat et prend aussitôt en charge la cuisson tandis qu’Etienne retourne au marché vers les marchands de légumes pour choisir un bel assortiment de ceux-ci. Sa maraichère préférée, Marie-Claude, est là sans son mari. Elle a ouvert seule son étalage ce matin car depuis hier son époux souffre atrocement de l’épaule qu’il a du se déboiter et il tente ce matin de voir le rhumatologue qu’il connait bien car le généraliste n’a pas pu le recevoir hier soir. C’est le Dr Manfaimieux qui devrait donc s’en occuper s’il peut le prendre entre deux ; avec une infiltration comme l’an dernier, cela lui permettrait de revenir rapidement sur le marché.
N’écoutant que son cœur Etienne propose d’aider la commerçante qui l’accepte bien volontiers car il y a de nombreux cageots à déplacer, ce qu’elle ne peut pas faire quand elle vend même s’il y a encore un peu de monde. Il choisit ses légumes, les ramène à la maison puis retourne au marché pour aider Marie-Claude. Comment ses bras vont-ils accepter ce nouvel effort ?