Chapitre 11. Deuxième injection d’acide hyaluronique.
Etienne rentre de chez le Docteur Gérard Manfaimieux. Il vient de recevoir dans le genou gauche la 2° injection de viscosupplément. Il n’avait pas oublié d’apporter au médecin la boite contenant les 3 ampoules qu’il avait emballé dans un sachet isotherme car depuis lundi il faisait très froid et il avait neigé dans la région. Le thermomètre en plein après-midi et au soleil ne remontait pas au dessus de 2°C et il avait lu qu’il ne fallait pas exposer le produit à la chaleur ou au froid intense.
Il marche tranquillement sur le trottoir. Cette fois-ci il est allé seul au cabinet comme un « grand » sans appréhension, surtout désireux de savoir ce qui avait bien pu se passer dans l’épaule dimanche car depuis il en souffrait. C’était surtout la nuit quand il était couché dessus car dans la journée et après un peu d’échauffement il ne ressentait presque rien. Il avait pris du paracétamol sans beaucoup de résultat sur cette douleur nocturne.
L’injection d’acide hyaluronique s’était très bien passée. Le praticien semblait satisfait du résultat et en tout cas curieusement plus que son patient. Il avait à nouveau rempli un questionnaire de qualité de vie et il s’était souvenu que les questions étaient les mêmes que lors de la dernière consultation sans qu’il y ait prété alors une quelconque attention. C’est sur l’ensemble de ces éléments qu’il semblait que son genou était mieux. Quoiqu’il en soit le traitement n’était pas terminé.
C’est ensuite qu’Etienne avait évoqué son problème d’épaule. Le Dr Manfaimieux avait examiné attentivement l’articulation avec l’aide de mouvements passifs et actifs pour conclure à une rupture du tendon du muscle supra-épineux, un élément de la coiffe des rotateurs. Ainsi lui aussi avait droit à cette lésion de la coiffe dont il entendait parler depuis des lustres dans le milieu du sport mais aussi parmi les nombreuses personnes de son entourage. Il fallait qu’il fasse d’abord faire une radiographie simple de l’épaule puis le rhumatologue lui ferait jeudi prochain une échographie pour contrôler l’état de cette nappe de tendons qui ferme la partie supérieure de l’articulation scapulo-humérale comme un couvercle. Comme il n’avait pas très mal en dehors de la nuit, il avait échappé pour l’instant à l’infiltration d’autant qu’il n’avait pas de clichés radiologique. On ne sait jamais lui avait dit le spécialiste car avec toutes vos activités sportives il peut aussi s’agir d’une arthrose débutante sur lésion ancienne de la coiffe même si les douleurs étaient récentes avec un point de départ très précis. En tout cas cela ne pouvait pas être du à la goutte. Dommage s’était-il dit car depuis la crise du poignet et la mise sous régime il n’avait plus rien ressenti à ce niveau.
Il n’empêche qu’il en a un peu marre de tous ces problèmes et commence à penser que plus il va « au docteur », plus il a de problèmes, lui qui n’a pratiquement vu personne jusqu’à la retraite en gros. Désormais c’est à un véritable programme qu’il doit adhérer car bien sûr il va falloir s’occuper de l’épaule, finir le genou gauche et gérer le genou droit qui ne fonctionne pas normalement, il le sent bien. Il risque de le gêner de plus en plus et de réduire le bienfait à gauche s’il est obtenu. Le docteur lui ai parlé tout à l’heure d’un nouveau viscosupplément qu’il pourrait essayer gratuitement au cours d’une étude dans laquelle il pourrait être incorporé. Etienne avait répondu qu’il n’y était pas opposé s’il ne servait pas de cobaye.
Il passe devant le cabinet du radiologue, s’arrête, réfléchit puis rentre . Il prend un rendez-vous. Le radiologue qui se trouve derrière le « desk » s’enquiert de l’état de son genou. Son fils, le petit footballeur, n’a pas revu Etienne, son entraineur, depuis bientôt 1 mois et il en a parlé à table mercredi dernier: il avait invité toute l’équipe à la maison pour la galette des rois. On signale la viscosupplémentation qui a été entreprise, on précise le problème récent de l’épaule qui évoque un problème de coiffe. Le praticien suggère de réaliser une échographie plutôt qu’une radiographie. Notre patient explique que le rhumatologue fera cela lui-même la semaine prochaine mais qu’il veut éliminer une arthrose débutante d’où la demande d’un cliché. Le rendez-vous pris pour le Lundi à venir, Etienne ressort et poursuit son chemin vers la maison. Il n’y a plus rien à faire, le soleil s’est déjà caché derrière les immeubles et la bise qui souffle dans l’avenue transperce gants, pantalon et bonnet. Elle est si froide qu’elle a du courir sur les larges plaques de glace et de neige qui occupent encore les trottoirs. Il faut faire attention où mettre ses pieds pour ne pas glisser.
En tout cas le genou gauche va bien et les autres articulations sont muettes. Il arrive de façon presque mécanique devant la porte de l’appartement, cherche ses clefs et ne les trouve pas. C’est un peu la panique car Madame est sortie prendre le thé chez une amie et ne semble pas être encore rentrée puisque la sonnette ne trouve aucun auditeur. Il téléphone chez le rhumatologue, tombe sur Catherine, la secrétaire : elle a le trousseau de clefs qu’Etienne avait laissé sur le bureau de son patron. Elle en profite pour lui dire qu’il a oublié de passer vers elle d’abord pour régler l’injection et ensuite pour prendre le rendez-vous d’échographie. Catastrophe ! Tout le travail d’approche qu’avait fait notre héros auprès de cette employée semble réduit à néant en quelques secondes ! De mots d’excuses en en paroles de confusion, Etienne tente de remonter la pente, dit qu’il arrive de ce pas, qu’il va courir tandis qu’inlassablement la secrétaire lui dit de ne pas se déplacer et de se reposer ce soir et qu’il passe demain pour les clefs . C’est le téléphone à l’oreille qu’il descend les escaliers et tombe sur son épouse qui vient d’arriver. La chance, il écoute enfin la voix qui lui dit de rester à la maison, il remercie et raccroche, embrasse sa femme et lui raconte la mésaventure des clefs, en prend bien sûr pour son « grade » car ce n’est pas la première fois, etc, etc… La prochaine fois il a droit à l’accompagnement c’est sûr !
En attendant elle a acheté deux magnifiques tournedos pour ce soir. Cela fait longtemps que notre homme n’avait pas mangé une belle viande rouge . Il en est tout heureux. Comme la vie est simple ! Au diable, genoux, épaules, pieds et poignets! A la question de Madame « Alors cette deuxième séance? », il s’entend répondre « Comme une lettre à la poste! ». Elle lui raconte alors que le mari de sa copine a eu une injection d’acide hyaluronique dans la hanche avec une nouvelle préparation à base de mannitol. Elle est sûre de ça parce qu’elle s’est fait répété deux fois le mot: elle prend des sachets de cette substance pour sa constipation.
Quel est le rapport avec l’acide hyaluronique, l’articulation et l’arthrose? Etienne se jure bien d’en parler à la secretaire qui doit être au courant de cela en allant chercher les clefs demain. C’est le Dr Manfaimieux qui a d’ailleurs fait l’injection sous radiographie.
On en saura plus bientôt