Avec le chou, l’arthrose échoue !

Les Brassicacées ou  Crucifères (fleurs caractéristiques à quatre pétales disposés en croix, d’où la désignation ancienne) comme les différentes variétés de choux (brocoli, choux de Bruxelles, chou chinois pe-tsaï, chou rouge…) mais aussi le radis, le navet, le rutabaga, le colza, la moutarde, le raifort, le cresson, la roquette et bien d’autres plantes encore généralement herbacées rarement sous formes arbustive, contiennent des glucosinolates de la famille des thiosaccharides. Ces substances sont des composés soufrés à l’origine de la saveur plus ou moins amère et plus ou moins piquante  de cette famille de plantes après une action enzymatique spécifique. Ces sucres soufrés se trouvent ainsi dans le brocoli ou le chou de Bruxelles à des concentrations très élevées et ce d’autant plus que la plante est plus jeune.

Si l’on râpe le chou, qu’on le coupe ou qu’on l’écrase, le glucosinolate est alors mis en contact avec une enzyme, la myrosinase ou thioglucoside glucohydrolase, produite et présente dans la plante. Il est alors transformé quasi instantanemment en glucose, sulfate, thiocyanates dont le sulforaphane et isothiocyanates avec une explosion du goût assez particulière comme on la trouve par exemple avec la moutarde. C’est  aussi cette modification biochimique qui lui confère des propriétés protectrices contre l’infection microbienne, la dégradation oxydative ou la dégénérescence liée aux cancers.

S’agissant d’une action enzymatique on sait que la myrosinase est inactivée par la chaleur. Il est donc recommandé de réaliser une cuisson douce à la vapeur et de manger au besoin le brocoli cru par exemple.

Dans le cas présent, ce qui nous intéresse vient de son effet bénéfique sur l’arthrose qui est connu depuis de nombreuses années et que l’on remet au gout du jour avec une étude lancée chez l’homme par une équipe britannique.

Le sulforaphane composant actif des crucifères.

Le sulforaphane ou  [1-Isothiocyanato-4-methylsulfinylbutane] est une petite molécule. C’est  un antioxydant stimulant des enzymes impliqués dans la détoxication avec une action anticancéreuse et leucémique possible.

Son action prouvée sur l’arthrose.

Des chercheurs (1)  montrent que le sulforaphane a un effet cytoprotecteur sur le chondrocyte en limitant sa croissance sans affecter sa vitalité ou induire son apoptose.

D’autres études (2) en laboratoire mettent en évidence que le sulforaphane ralentit la destruction du cartilage. Des rats  nourris avec un régime riche de ce composé ont significativement moins de lésions d’arthrose que celles qui n’en ont pas.

Récemment des auteurs coréens (3) ont publié un travail portant sur l’injection intra articulaire de microsphères composées de sulforaphane et de PLGA (ou poly(lactic-co-glycolic acid) après arthrose induite chirurgicalement chez le rat.  Les microsphères ont retardé la progression de l’arthrose. Ils suggèrent ainsi son utilisation locale rapide chez l’homme en évaluation dans le traitement de l’arthrose.

Sans aller jusque là, Rose Davidson de l’équipe anglaise d’Oxford vient de mettre en route une étude expérimentale chez 40 patients en attente de chirurgie du genou. A suivre…

Bibliographie.

1-      Facchini A, Stanic I, Cetrullo S, Borzì RM, Filardo G, Flamigni F. Sulforaphane protects human chondrocytes against cell death induced by various stimuli. J Cell Physiol. 2011 Jul;226(7):1771-9.

2-      Davidson RK, Jupp O, de Ferrars R, Kay CD, Culley KL, Norton R, Driscoll C, Vincent TL, Donell ST, Bao Y, Clark IM. Sulforaphane represses matrix-degrading proteases and protects cartilage from destruction in vitro and in vivo. Arthritis Rheum. 2013 Aug 27.

3-      Ko JY, Choi YJ, Jeong GJ, Im GI. Sulforaphane-PLGA microspheres for the intra-articular treatment of osteoarthritis. Biomaterials. 2013 Jul;34(21):5359-68