L’étude
Le temps de freinage normal variable selon les individus et la situation d’urgence ou non s’étale sur une plage de 700 à 1500 millisecondes. De ce temps résulte la distance nécessaire au freinage.
Le temps de freinage est lui-même composé de deux éléments : le temps de réaction et la force de freinage. Les technologies embarquées ont considérablement réduit les conséquences liées à la deuxième composante. Aujourd’hui dans une voiture moderne pour une vitesse de60 km/h, le temps de réaction avec la distance de réaction correspondante est supérieur à la distance de freinage elle-même.
Les auteurs ont comparé un groupe de patients atteints d’arthrose du genou droit ou gauche (33 sujets) avec un groupe d’athrose de hanche droite ou gauche (39 sujets) et un groupe temoin sans arthrose (21 sujets).
Tous les individus sélectionnés ont utilisé pour l’étude un véhicule spécialement adapté avec des capteurs sur la commande de freins capables d’enregistrer le temps de réaction entre le stimulus devant déclenchant la réaction de freinage (RT) et le début effectif de l’action (MT) avec pour résultante la mesure du temps total de réponse au freinage (TBRT). La force de freinage imposée par le pied (BF) a aussi été mesurée.
Les résultats ont montré que tous les sujets indemnes d’arthrose avaient un temps de freinage satisfaisant inférieur à 600 millisecondes tandis que les sujets atteints d’arthrose voyaient ce temps modifié de façon variable en fonction des localisations. Ainsi arthrose de hanche droite et arthrose de genou droit avec des temps de freinage significativement augmentés. Il en était de même très curieusement pour les patients atteints d’arthrose du genou gauche alors que ceux qui avaient une arthrose de hanche gauche avaient des chiffres sans différence significative avec les témoins.
Les auteurs concluent que la gêne fonctionnelle et la douleur de l’arthrose symptomatique des membres inférieurs est un élement à prendre en compte dans la capacité qu’ont les conducteurs d’automobile à conduire en toute sécurité. Ils suggèrent que les automobilistes atteints de ces affections invalidantes passent des tests pour savoir si leurs capacités à freiner sont dans les limites de la normale évoquant en outre le rôle bénéfique des traitements symptomatiques de l’arthrose.
Notre avis.
Il s’agit d’une excellente étude qui met en évidence les capacités insidieuses de l’arthrose à entraver la vie quotidienne des sujets qui en sont atteints. A une époque où l’on insiste de plus en plus sur le rôle de la vitesse dans la genèse des accidents, sans oublier bien sûr celui de l’alcool et des drogues probablement nettement sous-évalué pour ce qui les concernent (à quand le démarreur relié à un alcoolomètre?), cette vision nouvelle des conséquences d’une affection banale pour tous et pour les pouvoirs publics en particulier devrait inciter à mieux la prendre en charge avec des traitements efficaces connus et validés comme les antiarthrosiques à action symptomatique lente y compris la viscosupplémentation par injections d’acide hyaluronique qui font la preuve de leur efficacité dans l’amélioration significative de la qualité de vie de ces patients.
*Hofmann UK, Jordan M, Rondak I, Wolf P, Kluba T, Ipach I. Osteoarthritis of the knee or hip significantly impairs driving ability (cross-sectional survey). BMC Musculoskelet Disord. 2014 Jan 17;15(1):20. doi: 10.1186/1471-2474-15-20.