Acide hyaluronique, silicone, collagène…: quoi dans l’arthrose?

On entend souvent parler à l’occasion de la viscosupplémentation par acide hyaluronique ou plus précisément par hyaluronate dans les articulations atteintes d’arthrose, d’injections de silicone ou de collagène. Il importe donc de bien recadrer ce traitement « médical » et de rappeler la nature du produit naturel utilisé.

La silicone : c’est le monde du silicium

La silicone, substance chimique obtenue à partir de la silice qui lui a donné son nom, a été développée depuis la seconde guerre mondiale. Bien avant la silice servait depuis longtemps à fabriquer le verre. C’est en essayant de combiner la chimie du silicium et du carbone considérées alors comme identiques que les silicones ont été fabriquées. Le silicium obtenu à parti du quartz est aussi à l’origine du nom de la « silicon valley » aux USA où les composants électroniques dérivés de cette roche ont été mis au point. Cette substance est une chaine inorganique de maillons spécifiques Si-O donnant des polysiloxanes. Sur les atomes de silicium on peut ensuite  lier des groupements organiques ou non organiques qui vont permettre à leur tour de relier de façon plus ou moins intense les chaines ainsi formées entre elles. On aboutit à des composés qui se présentent sous des consistances très différentes allant de liquides (tels que ceux utilisés dans les prothèses mammaires) aux mastics, aux gommes et aux plastiques durs. Ils sont utilisés partout dans notre quotidien : en cuisine, pour le lavage comme anti moussant, en cosmétologie, en plomberie, en électricité, en automobile…La liste est quasi infinie.

Le collagène : c’est du monde des protéines

Le collagène est une protéine de structure et de maintien extrêmement abondante dans les tissus conjonctifs  humains et, bien sûr, animaux. C’est le quart de la masse protéique chez l’homme. Il existe plusieurs types de collagène selon les organes ; pour exemple Col. I dans l’os ou la peau, Col. II dans le cartilage. Tous sont formés de 3 chaines hélicoïdales polypeptidiques d’acides aminés reliées entre elles notamment par des ponts hydrogène. Les types de liaisons et les séquences peptidiques vont déterminer des collagènes différents avec spécificité d’organe et d’espèce à l’origine des possibles réactions immuno allergiques. Ce sont les fibres de collagène propres à la peau ou à l’os ou au cartilage qui vont leur donner cette structure différente. Mais dans tous les cas ces fibres sont inextensibles et résistent à la traction, le cas le plus explicite étant le collagène du tendon. La destruction notamment par la chaleur des liaisons entre les chaines va donner la gélatine : une colle naturelle qui est à l’origine du nom de collagène dont elle est issue. Ces chaines de collagène sont détruites par des enzymes : les collagénases qui apparaissent à l’occasion des processus inflammatoires entrainant des lésions dans les tissus intéressés. Il existe de très nombreuses maladies associées à des troubles du collagène ; une des plus célèbres étant la maladie des os de verre ou l’élastorexie. Le collagène est une protéine « non alimentaire » qui contient un acide aminé  qui lui est assez spécifique : l’hydroxy proline à l’origine de nombreux dosages permettant d’étudier son métabolisme.

L’acide hyaluronique : c’est le monde du carbone et des sucres.

L’acide hyaluronique (AH) est un polysaccharide de structure composé de nombreux maillons di saccharidiques formés d’un acide D-glucuronique et d’une D-N-acétylglucosamine. La chaine de 5000 unités environ ainsi formée est largement répartie dans les différents tissus conjonctifs, épithéliaux ou nerveux. C’est une structure chimique primaire sans spécificité d’espèce ou d’organe qui peut se fixer aux protéines mais s’en détache facilement. Par sa capacité à retenir l’eau entre les mailles formées par ses chaines, l’acide hyaluronique donne sa viscosité à certains liquides de l’organisme comme le liquide synovial. C’est cette propriété qui disparait au cours de l’arthrose par diminution de la fabrication et réduction de la longueur des chaines de l’AH. C’est aussi cette modification qui est notamment à l’origine de l’apparition des rides et ridules sur la peau. C’est donc un état rhéologique naturel que l’on tente de restaurer en introduisant dans l’articulation ou la peau un hyaluronan ou un hyaluronate. Comme cette substance n’a aucune spécificité d’espèce on utilise des organes animaux qui en contiennent beaucoup comme la très connue « crête du coq » pour l’extraire ou on la fait fabriquer par des bactéries sélectionnées pour leur production comme le streptocoque equi non pathogène pour l’homme.

Au total :

On n’utilise pas dans les articulations de silicones qui sont les chaines issues de la chimie industrielle du silicium.

On n’utilise pas en pathologie articulaire de collagènes qui sont des chaines protéiques spécifiques d’espèce et d’organe. La destruction du collagène dans le processus de l’arthrose relève des traitements qui en limitent sa destruction par inhibition de l’enzyme qui la détermine: la collagénase.  Le collagène humain extrait de cellules mésenchymateuses, ou bovin et porcin purifié existe par contre en médecine esthétique et cohabite avec l’acide hyaluronique et le botox ( une autre substance avec beaucoup d’autres indications dérivées de propriétés d’ailleurs totalement différentes ) dans le choix des injections.

On utilise dans l’arthrose l’acide hyaluronique  ou le hyaluronan ou le hyaluronate de sodium. Cette chaine carbonée polysaccharidique  provient le plus souvent de la fermentation bactérienne et peut être ensuite travaillée pour offrir des produits adaptés aux besoins des différentes articulations, de la peau, de l’oeil et nombreux autres organes. Ce sont ces substances qui forment le contenu scientifique de ce site de référence