Arthrose et Cuivre
La bonne confiture se fait toujours dans une belle bassine en cuivre. Les chaines de pectines(cousines de celles d’acide hyaluronique) libérées lors de la cuisson du fruit, vont s’associer entre elles sous l’influence de ce métal pour réaliser un maillage étroit enfermant les molécules d’eau et former un gel.
Le bon cartilage a aussi besoin d’un peu de cuivre.
Le nom du cuivre, symbole Cu et numéro atomique 29 dans la classification de Mendeliev, provient du latin cyprium et du grec kupros qui désigne l »île de Chypre où l’on a trouvé les premières traces de minerai de cuivre il y a 6000 ans. Cette portion de terre doit son nom aux nombreux cyprès qui y sont présents.
Il fait partie d’une liste d’au moins 25 minéraux importants et indispensables à la vie et à la santé humaine et animale qui peuvent créer des maladies en cas de carence mais parfois aussi des intoxications par excès aigu ou chronique. Ceux-ci participent au fonctionnement de nombreuses enzymes, à la synthèse notamment protéique et hormonale. Ils sont classés en métaux, métalloïdes et non métaux. Parmi les métaux et métalloïdes, on trouve ainsi ce cuivre nécessaire à la synthèse de l’hémoglobine, le transporteur de l’oxygène dans le sang.
Il a aussi des propriétés anti-rhumatismales, anti-oxydantes et anti-infectieuses connues depuis l’Antiquité.
Quelques mots d’histoire
Le Cuivre est un métal rouge brun, le premier métal travaillé par l’homme, « découvert à partir des pierres « autour du feu » dès 5000 ans avant JC en Anatolie et en Egypte.
« La fin du Néolithique voit apparaître des objets et des récipients en terre cuite. Grâce encore au feu et à des fours rudimentaires, l’homme a inventé le mème de la poterie dans toutes ses acceptions. Mais bientôt, les observations des esprits les plus curieux vont se focaliser sur des écoulements de liquides jaunes le long des pierres qui enserrent le feu. Ces découvreurs vont aussi se rendre compte que ce liquide en durcit en refroidissant et prend la forme du creux du foyer dans lequel il s’est répandu. Ce sont les débuts de l’âge du cuivre pendant lequel des expériences métallurgiques vont être réalisées mais dans des proportions tout à fait raisonnables car ce métal bien ductile, comme l’or et l’argent ne présente guère qu’un intérêt décoratif. Ces métaux sont viables pour des bijoux mais pas pour des armes ou des outils. »La diffusion en Europe de la métallurgie du cuivre s’est faite en 2 temps : vers 4000 ans avant JC par l’europe centrale (Bulgarie, Balkans) jusqu’en Suisse, vers 3000 ans avant JC par voie maritime en Méditerranée occidentale puis le nord de l’Europe.
En Inde, elle est apparue vers 2500 ans avant JC et en Amérique les civilisations précolombiennes l’ont développé jusqu’au 16ème siècle, date de l’arrivée des Conquistadors.
L’âge du Cuivre correspond au chalcolithique (2500 à 1800 ans avant JC) des préhistoriens où la pierre et l’os côtoient les premiers outils avec les poteries et les bijoux en cuivre. A cette époque essentielle de l’histoire de l’humanité, l’homme fabrique des bracelets aux pouvoirs symboliques et médicinaux puissants.
De nombreux vestiges archéologiques attestent de l’omniprésence de tels objets en cuivre remplis de vertus bénéfiques dans les civilisations égyptiennes, chaldéennes, grecques ou romaines.
A l’ère de la médecine moderne, il a été prouvé que l’oxydation par la peau de cuivre magnétisé favorisait le passage transcutané puis systémique (dans la circulation sanguine) de ce métal aux puissantes propriétés anti-inflammatoires expliquant l’effet bénéfique sur les douleurs de l’arthrose.(W.R. Walker, Université de Newcastle, Australie).
Le Cuivre et ses modes d’action.
Notre corps en contient un peu moins d’1 gramme au total et pourtant cet oligoélément essentiel, intervient dans le développement et l’homéostasie de l’organisme. Il participe à de très nombreuses réactions chimiques et enzymatiques comme co-facteur.
Son pouvoir anti arthrosique connu depuis l’Antiquité est lié à son effet anti inflammatoire par inhibition de l’interleukine 1 et par une action chondromodulatrice avec protection du cartilage en augmentant la synthèse du collagène par activation des lysyls oxydases.
C’est aussi un anti-oxydant puissant par le biais de la SOD ou superoxydismutase qui élimine les radicaux libres, déchets métaboliques hautement toxiques pour les cellules.
Le Cuivre intervient également dans le transport de l’oxygène dans le sang car il est nécessaire à la synthèse de l’hémoglobine, dans la respiration cellulaire par la synthèse des cytochromes, dans la minéralisation osseuse, la neurotransmission mais aussi dans les mécanismes de défense immunitaire et infectieuse.
Le Cuivre avec les besoins et ses sources.
Les besoins journaliers sont de 1,5 à 3mg chez l’adulte selon la FDA (US Food and Drug Administration). Les sources alimentaires de ce métal-trace, non fabriqué par le corps humain, sont le foie, les céréales entières, le cacao, les fruits et légumes, les crustacés (huitres), le lait de vache ( bien moins que le lait maternel) et certaines eaux minérales ainsi que le vin rouge en consommation raisonnable. Ainsi, nous mangeons et buvons du cuivre chaque jour sans le savoir et notre corps en a besoin. Manger varié ne suffit pas pour éviter les carences, le calcium, la vitamine C, le fer, les sucres rapides (aliments sucrés) peuvent diminuer son absorption intestinale.
Le Cuivre et les bienfaits de la supplémentation.
La tendance dans les pays industrialisés est à une légère déficience en cuivre. Une étude réalisée aux USA, Grande Bretagne, Belgique et Canada a montré que la consommation de cuivre est dans 61% des cas inférieure à 1,5 mg par jour et dans 30% cas < 1 mg/j.
La déficience modérée en Cuivre est fréquente, 30% dans la population Française, et trompeuse car cliniquement asymptomatique. La déficience en cuivre est un facteur de risque de maladies cardiovasculaires. Elle altère des réactions d’immunité, diminue la qualité osseuse, cartilagineuse et tendinomusculaires.
La forte déperdition en cuivre par la sueur est une cause méconnue de carence cuprique notamment chez les sportifs expliquant la fréquence de survenue de douleurs articulaires, fractures de fatigue, claquages et tendinites au cours de l’effort physique.
Compte tenu de l’état des connaissances actuelles sur ce métal, une supplémentation est très souvent recommandée à très petites doses journalières (1 à 2 mg par jour) à distance des doses potentiellement toxiques qui sont de l’ordre de 0,5 mg/kg/j pour un adulte de 65 kg soit supérieures à 30-35 mg par jour.
Il n’existe pas de maladie professionnelle dans l’industrie du cuivre. Au contraire, ses propriétés antifongiques et bactéricides reconnues le font utiliser notamment pour assainir les canalisations d’eau, pour la distillation des alcools, dans la viticulture et l’agriculture biologique (bouillie bordelaise) ou la prévention des lésions des sabots des animaux.
Le Cuivre dans l’organisme
L’absorption intestinale dépend de chaque individu et de la présence de nombreux autres oligoéléments comme le fer ou le zinc, mais aussi de la vitamine C, du calcium ou du taux de protéines. Seulement 25 à 60 % du cuivre ingéré est absorbé par voie digestive et passe dans la circulation générale. Le cuivre est transporté à 90 % lié à la céruléoplasmine puis stocké dans le foie, le système nerveux central, les muscles, les os, les hématies et les reins. La demi-vie sanguine est de l’ordre de 13 à 33 jours.
L’excrétion est biliaire à 90 % environ, et très faiblement rénale (3 %). Elle peut être fortement sudorale au cours des exercices physiques et du travail à la chaleur mais aussi marginalement salivaire.
Le Cuivre dans l’arthrose
L’arthrose se caractérise par la destruction du cartilage qui s’accompagne de réactions osseuses condensantes et spécifiques avec ostéophytes (les «becs de perroquet), par une inflammation synoviale locale douloureuse qui complète le processus de destruction par les métalloprotéases, l’interleukine 1 et l’accumulation de radicaux libres . Comme on l’a vu plus haut, le cuivre a justement la capacité d’enrayer l’action destructrice de l’IL1 comme celle de capter les radicaux libres protégeant ainsi le cartilage. Il favorise en outre le synthèse du collagène dans ce même tissu
Cette action bénéfique antalgique et a été démontrée dans une vaste étude prospective contrôlée, randomisée, en double insu contre placebo, impliquant plusieurs centres hospitaliers et universitaires français et coordonnée par le Pr. B Mazières de Toulouse. Elle a intéressé plus de 200 patients atteints d’arthrose symptomatique des genoux. On a noté une réduction des douleurs de 30 % (p = 0,02) dès le premier mois dans le groupe des patients (n=102) recevant quotidiennement une ration de cuivre par rapport au groupe placebo (n=109). Cette diminution atteignait les 50 % au bout de 4 mois. Le cuivre a été très bien toléré par l’estomac à la différence des anti-inflammatoires largement utilisés dans l’arthrose.