Prolothérapie : une étude confirme que la perte de cartilage est un des facteurs influençant l’intensité de la douleur dans la gonarthrose.
La reconnaissance des poussées congestives inflammatoires d’arthrose du genou
- du fait de l’aggravation de douleurs connues qui prennent aussi un caractère nocturne,
- de l’apparition d’un épanchement clinique
est importante dans le suivi de l’affection car elle s’accompagne souvent d’une perte importante de cartilage (cette perte peut se mesurer radiologiquement selon des méthodes dites manuelles ou semi automatiques mais aussi par l’IRM) et justifie un traitement adapté dont le repos. Ainsi le niveau de la douleur va souvent de pair avec la vitesse d’usure du cartilage.
Un travail récent (1),
destiné à montrer l’efficacité de la prolothérapie par dextrose dans la gonarthrose, vient ainsi de montrer, par un suivi IRM sur un an, que la perte de cartilage était corrélée avec le niveau de la douleur, que plus les patients étaient améliorés au niveau antalgique moins ils perdaient de cartilage. Les auteurs sont allés jusqu’à préciser qu’une perte de volume de 1% de ce tissu était corrélée de façon statistiquement significative (p<0.05) à une diminution d’amélioration du score de la douleur de 2,7%. Cette corrélation était retrouvée uniquement dans le groupe traité par prolothérapie au dextrose par comparaison au groupe témoin. Cependant tous les patients inclus perdaient du cartilage de façon statistiquement significative (p<0.05) sans différence entre groupe (p=0.98). L’amélioration notée avec la prolothérapie ne porte que sur la douleur.
Cette étude qui a porté
sur 37 patients atteints d’arthrose est probablement une fraction de celle effectuée par les mêmes auteurs et publiée 2 mois plus tôt (2). Il s’agissait alors de 90 patients atteints de gonarthrose douloureuse entrés dans un protocole expérimental en aveugle (qu’il s’agisse des praticiens injecteurs ou examinateurs, des participants) et comportant trois bras d’inclusion avec un suivi d’un an. Ils étaient répartis en trois groupes : l’un avec injection de sérum salé [S], l’autre de dextrose [D] et le dernier avec seulement des exercices physiques [P] à pratiquer à la maison. Les groupes injectés recevaient selon les symptômes jusqu’à 5 séries d’injections intra et extra-articulaires à la 1°,4°,9° et au besoin 13° et 17° semaine. Il étaient tous suivi par une mesure du WOMAC, une échelle de douleur du genou, une comptabilité des médicaments antalgiques de secours, une mesure de leur satisfaction.
Les patients ayant reçu le dextrose ont été plus améliorés que les autres au bout d’un an et de façon statistiquement significative : WOMAC [D] = 15.3 ± 3.5 [S]=7.6 ± 3.4, and [P]=8.2 ± 3.3 points avec p<0.05. La douleur a été progressivement moins importante dans le groupe [D] que le [S] ou le [P] (p<0.05), cela allant de pair avec la diminution de la prise des antalgiques de secours. L’étude s’est déroulée sans apparition d’effet secondaire et les auteurs ont conclu que la prolothérapie est une excellente thérapeutique dans le traitement des douleurs, de la gêne fonctionnelle et de la raideur associées à l’arthrose du genou.
Voici par figures les caractéristiques de la population et le résultat sur le WOMAC :
Notre avis
Il s’agit d’une étude classique pour laquelle on pourra toujours faire le reproche du nombre insuffisant de participants mais pas celui de l’absence de groupe placébo puisqu’il y en a pratiquement deux si l’on considère que le groupe sérum salé en est aussi un . Tous sont comparables avec un effectif relativement jeune par rapport aux études classiques dans l’arthrose (56 ans de moyenne). Curieusement près d’un tiers des patients ne possèdent pas de renseignements radiologiques interprétables , ce qui est tout de même beaucoup même si la répartition des stades de K et L est homogène entre les groupes pour ceux qui ont des clichés. Enfin en raison de la méthode « prolothérapie » utilisée les patients prenant des anti-inflammatoires ou des antalgiques opioïdes ont été éliminés, ce qui limite probablement les inclusions aux gonarthroses peu sévères.
Force est cependant de reconnaitre que les patients traités par prolothérapie ont un bien meilleur résultat sur le papier que ceux traités par sérum salé.
Quelle explication donner à cet effet « miraculeux » d’une solution sucrée réalisant donc une véritable « chondrorthèse ». C’est un mot qui avait été développé à l’occasion de l’utilisation, il y a de nombreuses années, de l’aprotinine en injections intra-articulaires dans le traitement des arthroses: il s’agissait alors de bloquer le véritable tsunami enzymatique subi par une articulation en poussée inflammatoire. Il y aurait donc là régénération d’un tissu cartilagineux sain après sa destruction et à la manière des synoviorthèses chimiques ou isotopiques utilisées dans la polyarthrite ? Cette explication simpliste est peu probable.
Tant qu’il n’y aura pas la moindre explication scientifique plausible, ces résultats resteront probablement du domaine de « l’extraordinaire ».
A suivre!