De l’eau pour soigner l’arthrose !

Et si nos gouvernants avaient raison ? Il faudrait finalement bien peu de choses pour soigner l’arthrose puisque de l’eau y suffirait !  Le produit n’est pas encore trop couteux  et sa valeur ajoutée (distribution + assainissement : 2×7%=14% ?) remplit à bon compte les caisses de l’Etat.

En effet des travaux récents datant de cette année montrent que l’hydrothérapie, selon certaines méthodes,  améliore  les symptômes de l’arthrose notamment celle de la hanche et du genou.

Un peu d’histoire

Il faut savoir aussi que l’utilisation thérapeutique de l’eau a une longue histoire et qu’elle a été en effet un peu oubliée.  Cinq siècles avant JC, Pythagore en voyage en Égypte découvre l’utilisation des bains froids  par les prêtres de ce pays pour entretenir l’organisme et être en « odeur de sainteté ». Il s’empresse de ramener cette pratique notamment à Sparte en Grèce. Mais si le théorème de son nom est resté dans la mémoire de tous les architectes et bâtisseurs,  son remède pour conserver et renforcer la santé  et consistant en bains froids fréquents, a vite été oublié car il faut une discipline de « spartiate »! Des sources naturelles d’eau, à l’inverse parfois très chaude, étaient à la même époque utilisées dans les thermes romains pour les soins du corps et l’ « entretien » des sens. Avec le  Moyen Âge et la pudeur imposée  par l’Église , le « plaisir » des bains pris en commun dans des Thermes est interdit d’autant que l’eau est considérée comme le vecteur des maladies infectieuses. Au XIX° siècle, les reines et impératrices de l’époque relancent l’utilisation des soins par l’eau. Ils reviennent alors à la mode avec la multiplication de stations thermales pour la prise en charge d’affections multiples et variées touchant  isolement ou en association foie, articulations, intestin ou organes génitaux… L’hydrothérapie moderne est née.

Aujourd’hui de nombreux travaux ont déjà montré que les cures médicales utilisant des eaux  thermales amélioraient l’arthrose vertébrale, celle des mains, des genoux et des hanches. Mais elles ne peuvent pas être réalisées partout et nécessitent des soins dispensés par un personnel médical et paramédical qui entraine un certain coût et des remboursements en conséquence.  Ce n’est donc pas la solution idéale et les prises en charges sont donc limitées!

Méthode Whirlpool

Alors, plus simplement, des auteurs (1)(07-2013) d’une université coréenne au nom lumineux de Sun-Moon viennent de mettre en évidence que des bains à remous de 40 minutes 1 fois par jour  dans une eau tiède à 40°, 5 jours par semaine pendant 8 semaines, amélioraient la douleur et la raideur de l’arthrose du genou. Bien sûr il ne s’agit pas, comme le titre de l’article en anglais pourrait le suggérer, de se mettre dans  sa machine à laver de marque « Whirlpool » et d’attendre pendant 40 minutes  les effets d’un cycle lavage rinçage possible, surement sans essorage, mais d’utiliser  tout simplement une baignoire classique avec dispositif pour bain à remous : on peut le supposer ! Cette étude est réalisée sur le plan méthodologique avec l’utilisation d’ un groupe témoin-placébo qui ne fait rien d’autre que de mener une vie normale et sert de comparateur pour le groupe « Whirlpool ».  La mesure du Womac est le critère principal de l’étude.

Les auteurs, après analyse statistique,  montrent que l’utilisation régulière du bain à remous améliore significativement le score WOMAC-douleur et raideur par rapport au groupe témoin. Ils concluent que la méthode « Whirlpool » est bénéfique pour les patients souffrant d’arthrose du genou. L’étude n’a pas inclus de patients atteints d’arthrose de la hanche mais on peut supposer que les résultats seraient les mêmes. Voilà un traitement peu couteux sans risque d’effet secondaire notable qui devrait lui valoir la médaille d’or des Services de Santé dans les traitements de l’arthrose.

Méthode Kneipp

C’est d’ailleurs ce qu’avait déjà montré une étude allemande un peu plus ancienne (2)(01-2013) utilisant aussi l’hydrothérapie mais selon la technique de  Sebastien Kneipp, un théologien et thérapeute du XIX° siècle qui a laissé son nom à une autre  forme de douche « nordique » identique à l’ « écossaise » et déjà en vigueur (c’est le cas de le dire) vers la même époque. Elle alterne les jets d’eau froide ou chaude sur les parties du corps à traiter pour stimuler  les mécanismes de défense de l’organisme. S’étant guéri de la tuberculose par des bains répétés dans un Danube glacial, il avait élaboré un traité thérapeutique intégral  sur la base de l’eau et destiné à se guérir par soi-même : «Meine Wasserkur» (Ma cure d’eau) édité en 1886. En somme c’est déjà la solution idéale peu couteuse (du moins à l’époque car l’eau a beaucoup augmenté ces dernières années !) alors qu’on a bien peu de médicaments  (l’aspirine arrive en 1897 chez Bayer avec Felix Hoffmann, suivant de 3 à 4 ans l’arrivée de la phénacétine et du paracétamol). Aujourd’hui, en pleine  crise financière où le moindre médicament devient vite trop cher et donc inutile pour ceux qui les remboursent, surtout quand il s’agit du simple confort articulaire (la douleur et de la raideur), voilà une excellente formule!

Les auteurs, comme aujourd’hui l’ensemble des acteurs de la santé, constatent une augmentation de prévalence de l’arthrose du genou et de la hanche liée au vieillissement de plus en plus prononcé de la population au moins occidentale et recherchent des traitements simples sans coût social élevé ni effets secondaires sévères. Ils mettent ainsi en avant l’hydrothérapie façon Kneipp très en vogue dans leur pays et réputée augmenter la mobilité et réduire la douleur des arthroses des membres inférieurs. A peu de frais voici encore une façon d’améliorer la qualité de vie des arthrosiques. Encore faut-il le prouver !

Ils montent donc une  étude prospective, randomisée et contrôlée avec  trois bras de traitement dans un centre médical spécialisé unique. Les patients avec arthrose symptomatique de la hanche ou du genou confirmée par radiographie sont inclus au hasard dans un groupe 1 avec hydrothérapie ou dans un autre groupe 2 avec physiothérapie et enfin dans un groupe 3 associant les deux traitements.

Le critère principal de l’étude est l’intensité de la douleur de l’articulation prise en charge. Les critères secondaires sont en rapport avec la qualité de vie du patient en général.

L’analyse des résultats montre que le groupe hydrothérapie seule a les meilleurs résultats, suivi du groupe 3 hydrothérapie et physiothérapie. Le groupe 2 avec physiothérapie seule a les moins bons scores en matière de douleur et conserve cette place de dernier  quand il s’agit notamment de l’amélioration de la flexion articulaire au niveau de la hanche ou du genou. L’hydrothérapie Kneipp- groupe 1 apporte encore pour ce critère les meilleurs résultats suivi à nouveau du groupe 3. Bien sûr les auteurs concluent qu’il s’agit donc d’une excellente solution thérapeutique dans l’arthrose de hanche et du genou pour améliorer la qualité de vie.

Notre avis.

Après la publication somptueuse faite par de nombreux journaux sur les résultats de l’utilisation de l’eau et du sucre dans le traitement de l’arthrose, voici deux nouveaux travaux récents qui montrent l’effet bénéfique, cette fois-ci, de la seule eau sur l’arthrose. Il est surprenant que les médias n’aient pas encore repris ces articles car le titre pourrait être porteur, dans le style : de l’eau « courante » pour soigner l’arthrose des membres inférieurs !. On a maintes fois publié  le « moteur à eau » comme si ce liquide était un carburant. Dans le cas présent l’eau devient  le médicament de l’arthrose douloureuse. Voilà de quoi réjouir toutes nos instances médico-socio-administrativo-financières : le confort de l’arthrosique  passerait désormais par la baignoire à remous ou la cabine de douche à jets alternés et cela sans remboursement. Pourvu que le prix du mètre-cube d’eau ne vienne pas dépasser constamment celui de la boite de paracétamol pour la santé du porte-monnaie des arthrosiques, ce qui est déjà le cas dans la plupart des régions de France !

Bibliographie.

1-Lim KO, Lee DY, Shin WS. The Effects of a Warm Whirlpool Bath on Pain and Stiffness of Patients with Chronic Stroke Induced Knee Osteoarthritis. J Phys Ther Sci. 2013 Jul;25(7):873-875
2-Schencking M, Wilm S, Redaelli M. A comparison of Kneipp hydrotherapy with conventional physiotherapy in the treatment of osteoarthritis: a pilot trial. J Integr Med. 2013 Jan;11(1):17-25.